Les particuliers pourraient ramener 4 fois plus de cigarettes en France
La France autorise actuellement les particuliers à ramener une cartouche maximum provenant d’un autre pays de l’Union européenne. N’étant pas en conformité avec le droit européen, ce seuil pourrait bientôt être multiplié par 4, au grand dam des buralistes.
Vendredi 29 septembre dernier, le Conseil d’Etat a rendu un avis demandant à Elisabeth Borne d’augmenter les quantités de tabac qu’un particulier peut ramener d’une autre Etat de l’Union européenne (UE). La Première ministre est invitée à prendre un décret en ce sens d’ici mars 2024.
En clair, ce genre de texte multiplierait par quatre le nombre de cigarettes qu’un particulier pourrait rapporter d’un autre pays de l’UE : jusqu’à 800 cigarettes (200 aujourd’hui), 200 cigares (50 actuellement), 400 cigarillos (100 pour le moment) et un kilo de tabac à rouler (250 g aujourd’hui).
Une perspective qui n’est pas au goût des buralistes, notamment ceux de Haute-Garonne, département frontalier de l’Espagne.
« Si on veut faire disparaître les buralistes, il faut le dire ! Mes collègues sont dégoûtés. Il y a déjà des buralistes en difficulté, on ne peut pas dire que c’est un métier d’avenir », s’insurge Frédéric Pailhé, buraliste à Toulouse et président de la fédération des buralistes d’Occitanie.
L’inquiétude des buralistes peut s’entendre au regard de la différence des prix du tabac entre les deux voisins européens. Il faut débourser 5 euros en moyenne par paquet en Espagne, contre 10 euros et plus en France.
« Je suis tout à fait d’accord avec cette nouvelle mesure, mais à ce moment-là on harmonise le prix des cigarettes dans tous les pays de l’Union européenne. La France est le pays qui vend ses cigarettes le plus cher et il doit en plus y avoir de nouvelles augmentations », poursuit Frédéric Pailhé.
En effet, les prix du tabac en France sont indexés sur l’inflation depuis 2022. Par voie de conséquence, les paquets de cigarettes seront encore plus élevés l’année prochaine.
« Honnêtement, je comprends les particuliers qui font attention à leur portefeuille. Mais autoriser l’achat de davantage de cigarettes chez nos voisins européens, ça va surtout favoriser le trafic », prévient le buraliste toulousain.
La demande du Conseil d’Etat est en opposition frontale avec la stratégie anti-tabac du gouvernement axée sur la hausse des prix. Augmenter le seuil du nombre de paquets en provenance des pays de l’UE risque d’impacter les ventes des buralistes, en particulier dans les régions frontalières.